Dans nos démocraties, le monde politique et celui judiciaire regroupent traditionnellement les trois pouvoirs de l’Etat : le pouvoir législatif, exécutif et judiciaire.
Un quatrième pouvoir a pourtant émergé au fil du temps, qui prend une place de plus en plus importante dans notre système démocratique : le pouvoir de la presse, et, notamment, celui des médias audiovisuels.
L’essor de ces moyens d’information et de communication de masse les a placés au cœur des mécanismes de médiation politique et sociale. Le citoyen dépend et compte en effet sur eux pour mieux connaître et comprendre son environnement.
Ne se détermine-t-il pas en grande partie politiquement et n’adopte-t-il pas certains comportements en fonction de ce que les journalistes lui donnent à lire, à écouter et à voir ?
N’est-ce pas au travers des médias qu’il appréhende la justice, cette dernière étant généralement très peu connue des citoyens ?
La place et le lien privilégiés que tout un chacun accorde aux journalistes reposent sur une relation de confiance, sur la conviction qu’a le public que les informations délivrées, présumées de qualité, présentent et servent la vérité…
La place et le lien privilégiés que tout un chacun accorde aux journalistes reposent sur une relation de confiance, sur la conviction qu’a le public que les informations délivrées, présumées de qualité, présentent et servent la vérité…
La presse, en ce qu’elle informe l’opinion publique et concourt à la recherche de la vérité, ne joue-t-elle pas un rôle extrêmement important et ne vient-elle pas contrebalancer les autres pouvoirs ?
Cette croyance, qui renvoie au rôle démocratique qui lui est attribué, est de surcroît renforcée par la multiplication et la diversification croissante des sources et supports d’information.
Cette croyance, qui renvoie au rôle démocratique qui lui est attribué, est de surcroît renforcée par la multiplication et la diversification croissante des sources et supports d’information.
Il apparaît dès lors essentiel d’étudier les rapports qu’entretiennent tous ces pouvoirs, officiels et officieux. Il est de plus en plus manifeste, et les derniers mois écoulés l’illustrent à loisir, que les médias entretiennent des relations plus que tumultueuses avec le monde politique et le monde judiciaire.
S’agissant du monde politique, ce dernier utilise souvent les médias pour communiquer et, indirectement, gouverner.
Cette pratique, qui marque notamment les premières années d’exercice du pouvoir par le Président Nicolas Sarkozy, n’est pas sans incidence.
Cette pratique, qui marque notamment les premières années d’exercice du pouvoir par le Président Nicolas Sarkozy, n’est pas sans incidence.
Alors qu’ils se doivent d’être impartiaux et neutres dans le traitement de l’information, les journalistes, pour certains d’entre eux, ne participent-ils pas à la dénaturation et à l’instrumentalisation de leur activité professionnelle ?
Cette instrumentalisation n’a-t-elle pas pour objectif la manipulation de l’opinion publique, sous couvert de raison d’Etat ?
N’assiste-t-on pas, s’agissant du monde judiciaire, à une médiatisation sans cesse plus marquée de la justice ?
Cette médiatisation peut certes se révéler bénéfique pour certaines affaires en cours, mais peut également être, a contrario, extrêmement préjudiciable de par le traitement médiatique qu’il peut en être fait.
A titre d’exemple, la forte pression médiatique exercée, qui peut confiner à une forme de conditionnement de l’opinion publique, entraîne parfois la justice dans un emballement préjudiciable tant pour les justiciables que pour la Justice elle-même.
Les journalistes, quant à eux, sont tout à la fois des acteurs, des témoins et, parfois aussi, des victimes collatérales de certaines de ces « affaires ». Il ne faut en effet pas oublier que les médias ne sont pas libres de tout écrire, de tout dire ni de tout montrer.
Des textes législatifs, des règlements, voire l’éthique et la déontologie dont s’est dotée cette profession, sont là pour le rappeler.
De récentes « affaires » judiciaires ont amplement montré que ces trois mondes s’entrechoquent et que les relations entre Justice, Presse et Politique sont aujourd’hui loin d’être pacifiées.
En effet, que penser de la nécessaire sérénité de la justice rendue lorsque des politiques, par médias interposés, mènent campagne ou organisent en amont des manifestations à des fins partisanes, empiétant de la sorte sur l’indépendance de jugement des professionnels que sont les juges ?
Que dire de certains médias quand, au lieu d’informer en rappelant le contexte, ceux-ci se bornent à prendre à témoin l’opinion publique et jouent la carte de la « victimisation » ?
Autant de questionnements qui seront abordés lors des journées d’étude organisées les 3 et 4 juin 2010. Dans une perspective tant nationale qu’européenne et internationale, les principales problématiques suivantes seront abordées :
1) Heurts et malheurs de la pratique journalistique en matière judiciaire
- La place de l’éthique et de la déontologie dans le traitement de l’information
- Le secret des sources à l’épreuve des affaires récentes
- Dépénalisation des délits de presse : quelle valeur ajoutée pour la liberté de la presse ?
- Secret de l’instruction versus devoir d’informer : limites et perspectives
2) L’administration de la justice et les dérives médiatiques et politiques
- La communication politique comme mode de gouvernance : la justice victime de la satisfaction de l’opinion publique ?
- Traitement judiciaire et médiatique de la délinquance financière : convergences et oppositions
- Incidence de la couverture médiatique sur la connaissance et l’administration de la justice
- Instrumentalisation de la presse et dérives observées
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