Cette page a pour objectif de regrouper l'ensemble des éléments utiles pour les journées d'études.

Vous y retrouverez les sujets réalisés par les étudiants du Master de Journalisme Européen de l'Université de Reims Champagne-Ardenne et la présentation qui avait été faite des intervenants pour que les invités à ces Journées d'Etudes puissent préparer leurs travaux.

mercredi 16 juin 2010

De la plume du journaliste à la robe de l'avocat

Les 3 et 4 Juin, ont eu lieu à la médiathèque Jean Falala, les journées d'études « Justice, Presse, Politique: Des relations tumultueuses » organisées par la Faculté de Droit de Reims ainsi que par le parcours de Journalisme Européen. Ces deux jours de débats ont mis en place réflexions et perspectives pour l'avenir, afin de garantir et de sauvegarder notre précieux État de Droit.

Le débat a débuté par un rappel historique des relations entre les trois pouvoirs et celui qui s'est imposé comme en étant un quatrième incontournable au fil du temps, celui de la presse. C'est maître Pierrat, avocat au barreau de Paris qui ouvre le bal des idées avec toute la verve et la passion qui illustrent son activité. En référence aux « oiseaux noirs » qui hantent les salles de procès, il tient à préciser qu'il « se sent moins rapace que prévu » même s'il se délecte non sans ironie, du récit de quelques anecdotes sur ses célèbres clients. Emmanuel Pierrat aime le discours et la langue française et il conquiert la salle par son franc parler et ses convictions, notamment sur la sauvegarde de notre système judiciaire mais aussi sur ses faiblesses et ses absurdités liées au monde moderne. Il prend pour exemple la judiciarisation extrême de certains actes, du « délit de provocation au suicide » à l'interdiction de montrer des menottes à l'écran de télévision.

Droit et Liberté

S'en suivent deux interventions apportant un éclairage historique sur les liens entre la balance et la plume, du rôle de Balzac dans l'affaire Peytel aux procès politiques du milieu du 19ème siècle. Les autres tables rondes de la journée se concentrent quant à elles sur l'actuelle relation entre médias, justice et politique. Les dérives de l'affaire d'Outreau sont évoquées ainsi que l'importance et le poids des mots que l'on emploie. Et s'il y a un mot qui ne cesse d'être présent durant ces échanges, c'est bien celui de « liberté », si précieuse liberté de penser et d'expression, conquise au fil des siècles, depuis les lumières jusqu'à aujourd'hui. L'appel lancé par les journalistes aux juristes vise ainsi à interpeller sur la situation de cette dernière trop souvent menacée voire bafouée. La première journée de débat se clôt alors sur les mots de Régis Matuszewicz « Il faut que le principe d'équilibre entre droit et liberté soit recouvré par les politiques au nom de la démocratie ».

« Je t'aime moi non plus » entre presse et personnages politiques

La journée de vendredi prend un tour plus politique et journalistique contrairement à la veille, où les débats étaient plutôt orientés au niveau du droit, du fait des activités des intervenants. Les acteurs politiques sont au nombre de trois, Mme Catherine Vautrin, Députée et Vice présidente de l'assemblée nationale, Mr Arnaud Robinet, député de la Marne et Mr Yves Detraigne, sénateur. De leurs discours, qui se recoupent sensiblement, ressort le fait qu'aujourd'hui, hommes et femmes politiques entretiennent des rapports ambiguës avec les médias en général, entre défiance et peopolisation. « L'amour vache» entre ces représentants du peuple est aujourd'hui plus que jamais exacerbé, les débats de fond laissant souvent la place à la politique spectacle. Les paroles de Madame Vautrin, faisant allusion à son expérience, illustrent parfaitement cette situation. Elle rappelle qu'au moment où elle était ministre, elle a cédé à la tentation de la couverture de magazine tout en nuançant son propos, en précisant les méthodes « douteuses » qu'avaient employés alors les journalistes pour la convaincre de participer.

Éthique et journalisme

A l'issue de ces intenses journées de réflexion, les professionnels des médias que ce soit Mr Thierry Perret ou Mr Jérome Bouvier, ont insisté sur la manière dont le journaliste devait traiter l'information, la presse ayant un rôle très fort dans la société. Mr Perret donnait à cette occasion l'exemple du Portugal et de la révélation d'affaires sordides impliquant les plus hautes sphères de l'État ou celui de la Camorra en Italie avec l'extrême danger que courent les journalistes qui osent s'attaquer à des sujets tabous.

Jérome Bouvier, quant à lui, concluait que si « le journaliste est l'historien du quotidien » selon les mots de Camus, il fallait se réjouir "que les relations Justice, presse et politique soient tumultueuses, car c'est ça aussi, qui fait vivre la démocratie ».

Nastasia Desanti

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